J’ai toujours été fasciné par l’Islande, cette île différente de toutes les autres, comme hors du monde, balayée par les vents glacials du nord et brûlée par la lave de ses volcans.
J’étais venu seul, au milieu du Vatnajökull, le plus grand glacier d’Europe, et mon objectif était d’atteindre le Grimsvötn, un volcan actif au cœur de ce glacier. J’avais du laissé ma jeep de location au pied du volcan, car le terrain devenait trop raide et trop escarpé pour continuer en voiture.
J’avais déjà marché pendant plusieurs heures au milieu des rafales de neige quand je t’ai rencontrée. J’ai levé la tête et je t’ai vue, debout sur un immense rocher, tes cheveux blonds battaient au vent, et tes yeux regardaient le lointain. Ton regard était triste et silencieux, avec peut-être une pointe d’orgueil, atténuée par une once de résignation.
Je me suis arrêté, surpris de voir une telle femme en ce lieu. J’ai continué doucement à monter, et je me suis approché de toi. Tu ne disais rien, tu avais juste quelques larmes qui perlaient sans bruit sur tes joues.
Je me suis mis devant toi, et tu m’as glissé, presque en murmurant :
- “Tu es venu !”
Mon regard a plongé dans le tien, des larmes ont coulé de
mes yeux, et j’ai réalisé que je t’aimais avant même de t’avoir rencontré. Nos
idéaux, nos sacrifices, et nos aspirations nous avaient conduits tous les deux
en ce même lieu, à la recherche de notre absolu.
Nos lèvres se sont approchées, et dans un frisson de désir nous nous sommes embrassés longuement mais intensément. Nos lèvres étaient glacées comme de la neige, et nos haleines chaudes en accentuaient encore d’avantage le contraste. Ce fut le plus merveilleux des baisers, brûlant et glacé à la fois, comme un cocktail islandais.
Au fur et à mesure que nous nous embrassions, nos corps se serraient davantage l’un contre l’autre, se réchauffant, s’excitant peu à peu. Nous nous sommes couchés dans la neige, sur mon grand manteau noir, et ton grand manteau, noir aussi, nous faisait comme une couverture. De toute manière nous n’avions pas froid. De ma main j’ai dégrafé ton pantalon, tu as fait de même, et nous nous sommes caressés mutuellement. Nous étions tous les deux très excité. Puis je me suis renversé sur toi, et je suis venu en toi, avec des va-et-vient lents et langoureux. La neige tombait toujours, et tu pouvais voir les flocons tomber sur nous, sur ton front, dans nos cheveux…
Etouffé par le plaisir, nous poussions tous les deux des soupirs saccadés, que
le vent emportait chaque fois avec lui. Nous avons joui tous les deux, puis tu
as tenu à prendre une fois mon sexe dans ta bouche avant de me remonter mon
pantalon. Je fis de même et nous sommes restés allongés dans la neige, l’un
contre l’autre, à sentir cette paisible chaleur qui émanait de nos corps
enlacés.
Ensuite nous avons continué notre chemin vers le sommet du volcan. Il faisait chaud.
Quand nous sommes arrivé en haut nous avons été éblouis par la formidable puissance de la lave en fusion. Tu t’es retournée, tu m’as embrassé, tu m’as regardé en silence, et tu as écarté les bras en croix. Puis tu t’es laissée tomber en arrière comme le saut de l’ange, un sourire sur les lèvres, la sérénité dans les yeux.
Je n’ai pas eu le courage de te suivre ; je suis redescendu comme une ombre au village en bas. J’ai pensé à signaler ton suicide aux autorités, mais qui me croirait ? je n’avais aucune preuve de ton existence ; je ne savais même pas ton nom.
Maintenant chaque fois qu’il neige je pense à toi, et dans une vision je te vois, en haut, debout sur le rocher glacé, avec le vent qui emporte tes larmes comme des flocons de neige. Parfois, je sens un flocon se poser sur mes lèvres et disparaître, emportant mon baiser et mes regrets, ne laissant que le souvenir d’une douceur fraîche et sensuelle.